Le Premier ministre Jean CASTEX annonce une adaptation de la stratégie de déconfinement

À cinq jours de la seconde étape promise de la stratégie de déconfinement, le Premier ministre Jean CASTEX a reconnu qu’en dépit des efforts consentis, « nous ne sommes pas encore arrivés au bout de cette deuxième vague et nous ne serons pas, le 15 décembre, à l’objectif que nous nous étions fixés de passer en dessous des 5000 nouveaux cas par jour », fixés par le président de la République Emmanuel MACRON. « Nous sommes sur une sorte de plateau » : « le nombre de nouvelles contaminations ne se réduit plus, et il tend même à légèrement réaugmenter depuis quelques jours », a-t-il relevé, mettant en garde contre une reprise de la deuxième vague dans un contexte favorable à la circulation du coronavirus : froid, humidité, fêtes de fin d’année. Dès lors, « il est de notre devoir d’en tirer les conséquences et d’adapter les mesures prévues » pour « négocier les prochaines semaines avec beaucoup de vigilance » et ainsi « réduire le risque de devoir vivre un troisième confinement dans les prochains mois », a poursuivi M. CASTEX.

Prolongation de la fermeture des établissements recevant du public avec clause de revoyure au 7 janvier
Cela se traduit par une « nouvelle étape aux règles plus strictes ». D’une part, les établissements recevant du public qui devaient rouvrir mardi (cinémas, théâtres, musées, clubs de sport pour les mineurs, salles de jeux, casinos, cirque, parcs zoologiques…) resteront fermés trois semaines de plus. Il n’y aura pas non plus de révision du protocole en vigueur pour les lieux de culte. « Même si tous ces établissements disposent de protocoles sanitaires, la logique que nous devons suivre est d’éviter d’accroître les flux, les concentrations, les brassages de public », a justifié le Premier ministre.
Il a fixé une clause de revoyure au jeudi 7 janvier, qui concernera aussi la présence du public dans les stades, a-t-il précisé. D’ici à cette nouvelle marche supplémentaire de la stratégie de déconfinement, tous les dispositifs de soutien économique demeurent. À noter que l’échéance du 20 janvier n’est pas remise en question.
En outre, interrogé sur la situation des étudiants, M. Jean CASTEX a reconnu « une situation psychologique très difficile ». « Nous avons décidé de travailler, sauf s’il y a une situation épidémique épouvantable dès le début du mois de janvier à pouvoir reprendre, évidemment dans le cadre de protocole sanitaire renforcé, l’enseignement en présentiel (…) pour des étudiants ciblés, notamment des premières et deuxièmes années, mais (aussi) beaucoup d’étudiants étrangers ou internationaux », a-t-il exposé.

Durcissement du couvre-feu
D’autre part, le couvre-feu qui se substituera dès mardi (dans la seule métropole) au régime actuel de confinement (mettant fin aux attestations en journée ou à la règle des 20km/3h de sortie) sera durci sur trois points. Il s’appliquera dès 20h (au lieu de 21h) et jusqu’à 6h. Il sera strictement contrôlé et fera l’objet de dérogations très limitées : motifs professionnels, motifs familiaux impérieux, missions d’intérêt général, raisons médicales, personnes en situation de handicap et leurs accompagnants, besoins animaux de compagnie. Une nouvelle attestation sera disponible et un document de l’employeur sera nécessaire. Enfin, il concernera la soirée du 31 décembre, car ce « réveillon qui concentre tous les ingrédients d’un rebond épidémique », a fait valoir M. CASTEX.

Le cas de Noël

Si la même logique aurait dû prévaloir pour Noël, au vu des conséquences constatées outre-Atlantique après Thanksgiving, le Premier ministre a reconnu que cette fête occupe une « place particulière ». Ainsi, s’il a de nouveau enjoint à limiter les occasions de se retrouver les uns chez les autres, il a recommandé l’application de deux règles : un plafond de six adultes et un isolement préalable de cinq jours si des personnes vulnérables figurent parmi les convives. Le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier VERAN a mis en garde contre l’utilisation abusive à titre préventif des tests de Covid-19, qui ne sont pas un « totem d’immunité ». « Avoir un test qui est négatif, quand on est asymptomatique, ne signifie pas qu’on n’est pas porteur du virus », a-t-il fait valoir. Cela ne doit pas non plus conduire à l’arrêt des gestes barrières. Surtout, une telle démarche ferait courir un risque d’engorgement auquel « aucune structure sanitaire au monde ne serait capable de faire face ».
Pour se prémunir d’immanquables critiques, le Premier ministre a déclaré que s’il aurait été « plus confortable de maintenir l’assouplissement », ce serait une « forme de facilité et d’irresponsabilité » car « nous en paierions le prix ». Il a donc martelé ses convictions en forme d’appel à la prudence, à la cohérence et à la mobilisation collective. « Décidément cette année 2020 aura été éprouvante pour nous tous. Je sais votre lassitude, vos doutes, je les partage face à une pandémie qui dure plus que nous l’avions imaginé », a-t-il ajouté.

Renforcement de la stratégie « Tester, alerter, protéger » sans isolement contraint
Le Premier ministre a ensuite tracé des perspectives pour la rentrée de janvier, laquelle doit nous « permettre de passer un cap dans la gestion de la pandémie » grâce à l’évolution de la stratégie « tester, alerter, protéger » et de nouveaux outils. L’isolement contraint, évoqué il y a tout juste deux semaines (cf. BQ du 27/11/2020), n’en fera pas partie. « L’évolution juridique pour rendre obligatoire l’isolement soulève beaucoup de questions éthiques, sanitaires », a souligné M. CASTEX ajoutant que les échanges avec les différents dirigeants politiques et présidents de groupes parlementaire l’ont conduit à la conclusion qu’une telle évolution ne fait pas consensus ».
Le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier VERAN a ensuite détaillé le sens de l’évolution du triptyque retenu par l’exécutif. En matière de test, l’objectif est désormais de disposer des résultats en moins de 24 heures, voire moins de 12 heures et de poursuivre le déploiement des tests antigéniques, notamment pour mener des opérations de dépistage massif dans toutes les collectivités qui le souhaitent. Pour l’heure, quatre campagnes sont prévues, a-t-il confirmé : entre les 14 et 19 décembre dans les métropoles Le Havre et Ardennes Charleville-Mézières, puis autour du 11 janvier à Roubaix et Saint-Etienne. L’alerte va être renforcée grâce au contact-tracing qui se fera dès la réalisation du test pour éviter toute perte de temps et de nouveaux modules de l’application « TousAntiCovid ». Enfin, l’isolement sera désormais accompagné. « L’objectif c’est que chaque personne diagnostiquée positive au virus, se voie proposer une visite à son domicile par une équipe pluri-professionnelle » comprenant un infirmier, qui pourra « réaliser des tests antigéniques auprès de l’entourage qui partage le même foyer », prodiguer « des conseils sur les conditions d’isolement » ou « apporter du soutien » « si la personne n’est pas en capacité, qu’elle vit seule, qu’elle ne peut pas faire ses courses », a expliqué M. VERAN. Plus en amont encore, « nous travaillons à un document, une sorte de charte, qui sera remis au patient dès la réalisation du test, qui contiendra des conseils et qui permettra à la personne de s’engager à respecter la mise à l’abri si le test devait être positif », a ajouté le ministre.


Extrait du « Bulletin quotidien » du 11 décembre 2020